Paris, le 18 août 1850, Honoré de Balzac va mourir.
Dans sa maison de la rue Fortunée, au milieu des meubles, des tableaux, des merveilles que l’écrivain a rassemblées, Eve de Balzac, naguère Mme Hanska, attend l’ultime seconde, l’instant où son mari cessera de vivre. Comment accepter la mort de celui qui, à travers La comédie humaine, semblait avoir mille vies ? De celui qui changeait le monde ? De celui qui était un monde ? Ivre de fatigue et d’angoisse, Eve descend peu à peu dans leur passé, interroge les miroirs trompeurs de la mémoire.
Sous l’éclairage impitoyable d’un temps révolu, les années et les lieux défilent : Genève, Vienne, Saint-Pétersbourg, Dresde, Paris. Autant d’images fulgurantes, autant de flambées d’espoir, autant de blessures. Leur amour : moins de trois ans de vie commune répartis sur dix-sept années de liaison. Comme si le bonheur prolongé leur était défendu. Etait-elle vraiment une « femme supérieure » comme l’affirmait Balzac ? Fut-elle véritablement pour lui la « vie de sa vie » ? Alliée aux plus grandes familles de Pologne, parente d’une reine de France, rien ne la destinait à devenir la maîtresse et l’épouse d’un romancier français.
Pour rendre la complexité des personnages et des situations, il fallait la souplesse d’un roman. A travers le récit de toute une vie, à travers les péripéties et les anecdotes, se devinent le secret des âmes. Mais combien d’âmes habitaient l’auteur de La comédie humaine ?