Depuis quelque temps, les accents grognaient. Ils se sentaient mal aimés, dédaignés, méprisés. A l’école, les enfants ne les utilisaient presque plus. Chaque fois que je croisais un accent dans la rue, un aigu, un grave, un circonflexe, il me menaçait. « Notre patience a des limites, grondait-il. un jour, nous ferons la grève. Attention, notre nature n’est pas si douce qu’il y paraît. Nous pouvons causer de grands désordres. Je ne prenais pas les accents au sérieux. J’avais tort ! »
Après « La grammaire est une chanson douce » et « Les chevaliers du subjonctif » , Erik Orsenna repart explorer les territoires mystérieux de la langue française. « Une formidable leçon de langage, jubilatoire et gourmande comme le furent les deux premières... »